Ces derniers temps, les effets du changement climatique sont de plus en plus évidents, même dans les pays du Nord. Cependant, pour les petits exploitants agricoles de l’hémisphère sud, ils sont une réalité depuis un certain temps, et ils rendent encore plus difficile la garantie de leur alimentation et de leurs revenus. Le projet CROPS4HD promeut les cultures négligées et sous-utilisées qui sont plus résistantes aux impacts du changement climatique comme une stratégie pour les agriculteurs d’adapter leur production à cette nouvelle réalité.
Une température moyenne plus élevée et des conditions météorologiques imprévisibles rendent plus difficile une agriculture rentable. L’augmentation des températures moyennes affecte les performances de certaines variétés de cultures et la propagation des parasites due à l’augmentation des températures nocturnes met en danger des récoltes entières. Mais l’agriculture pluviale est particulièrement mise à mal lorsque les saisons et les quantités de pluie ne sont plus prévisibles et que la disponibilité de l’eau sous forme d’humidité du sol diminue en raison de l’augmentation des températures et des conditions de sécheresse. Les pays du Sud ont des difficultés à faire face à ces conditions changeantes, car de nombreux paysans n’ont pas accès aux connaissances sur le changement climatique ou aux systèmes de compensation.
Les pays cibles de CROPS4HD sont durement touchés par les effets du changement climatique : Le Tchad et le Niger font partie du Sahel qui est particulièrement touché par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents tels que les sécheresses et les inondations comme par exemple en 2021, lorsque plus de 100’000 personnes ont été touchées au Niger[1]. Au-delà des phénomènes météorologiques extrêmes, la Tanzanie est de plus en plus exposée aux tempêtes tropicales, car la trajectoire des cyclones se déplace vers le sud. Selon le GIEC, l’Inde est confrontée à des vagues de chaleur extrême, des vents violents, des précipitations extrêmes et des moussons erratiques.
La vulnérabilité des familles de paysans dans les quatre pays est élevée, car beaucoup d’entre elles appartiennent aux couches les plus pauvres de la population. Ils ne disposent d’aucune réserve pour amortir les pertes de production alimentaire et de semences et les États et le secteur privé ne proposent pas d’assurance ou d’indemnisation abordable en cas de perte de récolte. Les prévisions météorologiques à moyen terme ne parviennent pas non plus aux paysans et entravent la planification intelligente du climat pour la prochaine saison agricole.
Pour mieux faire face à ces conditions qui se dégradent, CROPS4HD promeut comme stratégie de base la diversification des cultures et des variétés de cultures et la sélection in situ pour une meilleure adaptation des cultures traditionnelles indigènes. Les espèces négligées et sous-utilisées comme le millet, l’arachide de Bambra ou les haricots lablab supportent beaucoup mieux les conditions chaudes et sèches et les inondations occasionnelles que les cultures introduites comme le blé, le maïs ou le riz. En outre, leur haute valeur nutritionnelle les rend encore plus prometteurs pour assurer une alimentation saine dans des conditions qui se dégradent. Pour que les agriculteurs produisent ces cultures et adaptent leurs pratiques agricoles, il est essentiel qu’il existe un marché pour pouvoir les vendre et générer un revenu. Le projet permettra donc de sensibiliser les consommateurs au bénéfice des cultures négligées et sous-utilisées, de promouvoir de nouveaux produits basés sur des espèces sous-utilisées et négligées afin d’augmenter la demande et la consommation de ces cultures et de rendre leur culture économiquement plus prometteuse.
Grâce à une culture et une sélection continues dans des conditions locales changeantes, les semences gérées par les agriculteurs s’adaptent à un climat changeant à l’endroit même où elles sont cultivées. Ils sont donc adaptés de manière optimale à cette zone agro-climatique spécifique et aux changements qui s’y produisent. Dans le cadre d’une approche participative, CROPS4HD évalue, en collaboration avec les agriculteurs, les paramètres agronomiques d’une variété donnée de cultivars et les sélectionne afin d’augmenter les rendements, la qualité nutritionnelle et la résistance aux changements climatiques et aux maladies. Cela contribue également à maintenir, voire à accroître, une large diversité génétique dans les cultures agricoles, ce qui est essentiel pour disposer, à terme, de suffisamment d’aliments sains et nutritifs dans un contexte de changement climatique.
L’Institut de recherche sur l’agriculture biologique FIBL accompagne étroitement la sélection des variétés dans les quatre pays. Avec FIBL, qui a une longue expérience de la sélection et de l’amélioration participative des variétés de semences biologiques, principalement en Europe, et ses deux partenaires, le World Vegetable Center (en Tanzanie) et Bioversity (en Inde), le projet a accès aux plus grandes bases de données de plasme germinatif et aux pools de recherche au niveau international, ce qui constitue la meilleure base pour l’acquisition de plantes et de semences pour les différentes cultures.
Comme deuxième stratégie, à côté de la sélection et de l’amélioration des variétés, CROPS4HD encouragera les pratiques agricoles agroécologiques qui aident les agriculteurs à investir dans la fertilité des sols, les biopesticides et la rétention de l’humidité du sol, ainsi que dans la diversification des cultures et les cultures intercalaires grâce à un large éventail de techniques agroécologiques. Ils peuvent ainsi réduire considérablement les risques écologiques et socio-économiques de l’agriculture dans des conditions climatiques imprévisibles. Les pratiques agroécologiques n’aideront pas seulement les agriculteurs à atténuer les risques liés au changement climatique, mais elles contribueront également à renforcer les capacités tampon des sols en matière de CO2. Outre la formation des agriculteurs à l’agroécologie, CROPS4HD assurera la promotion de l’agroécologie au niveau national et international afin de convaincre les décideurs politiques des avantages de l’agriculture agroécologique et des systèmes de semences gérés par les agriculteurs.